Plutôt thé ou café ? [Lavande] [Terminé]

Les grandes vacances, enfin ! Les examens ainsi que les rattrapages étaient terminés. Les élèves pouvaient enfin relaxer chez eux ou à l’école, selon leur choix. Quant aux professeurs, certains en profitaient aussi pour se reposer tandis que d’autres se préparaient déjà pour l’année prochaine. Et les employés… devaient continuer à travailler comme d’habitude. Enfin, leur charge de travail était sûrement moins pire l’été qu’en pleine période scolaire ! Pas que Galhaad s’en souciait; généralement, il ne se souciait pas de grand-chose à part de sa petite personne.

Même s’il n’habitait pas dans l’enceinte de Trismegis, le blond continuait à y aller presque chaque jour afin de squatter un lieu en particulier : la bibliothèque. Depuis sa remise de diplôme il y avait de cela bien des années déjà, de nouveaux livres étaient apparus sur les tablettes. Comment l’érudit pouvait-il passer à côté de ça sans rien faire ? Quoique ce n’était pas comme s’il avait déjà lu tout ce qui se trouvait dans cette bibliothèque … Après tout, elle était immense; il faudrait plus d’une vie pour passer à travers tous les ouvrages.

Tout ça pour dire que le professeur se trouvait présentement assis dans ce lieu de savoir. Veston et pantalons noirs, chemise rouge … Pas de cravate, car il faisait un peu trop chaud aujourd’hui pour ça. Un léger bouquin se trouvait également entre ses mains. "Plutôt thé ou café ?" : voilà le titre de cet essai parmi tant d’autres sur le lien entre Mage et Familier. Un titre pas très clair, enfin … L’auteur cherchait à découvrir quelle relation était la meilleure : celle entre deux âmes sœurs semblables ou celle entre deux âmes sœurs différentes ?

Du coin de l’œil, Galhaad vit les grandes portes s’ouvrir afin de laisser entrer un groupe de jeunes. Des élèves de première année qui ne connaissaient pas encore la définition de "chuchotement". L’adulte leva les yeux au plafond, déjà agacé. Puisqu’il n’avait pas envie de s’occuper de leur cas ni de voir les bibliothécaires s’engueuler avec ces petits cons, il prit la décision de sortir de la pièce afin de continuer sa lecture ailleurs … Carados – qui somnolait jusqu’à maintenant – se dépêcha de suivre son maître, connaissant très bien la suite : son humain allait lire tout en marchant sans se préoccuper de son environnement. Et c’était à lui de s’assurer que le grand blond ne fonce pas partout !

En effet, Cormac avait les yeux rivés sur les pages de son livre plutôt que devant lui. Le pauvre Ossatueur le tirait de gauche à droite afin d’éviter les obstacles, c’est-à-dire les murs, les élèves, les employés, les poubelles, les Pokémon … Le pire, c’est que son dresseur ne semblait même pas s’en rendre compte ! Le Familier avait un travail bien ingrat … S’il avait été humain, cela ferait longtemps qu’il aurait demandé une augmentation de salaire.

Leurs pas les guidèrent vers la salle de repos des professeurs et employés. Carados avait frôlé la crise cardiaque plus d’une fois pendant que Galhaad montait les escaliers, mais Arceus devait être avec eux puisque l’homme n’avait pas trébuché. D’ailleurs, on se demande pourquoi la déité aurait aidé ce quasi-psychopathe et ce Pokémon soumis … Enfin, peu importe ! L’Ossatueur poussa la porte entrouverte afin que le professeur ne se cogne pas dessus en voulant entrer dans la pièce. Il était tellement absorbé par sa lecture que même s’il y avait eu un combat de sumos au milieu de la salle, il ne l’aurait pas remarqué.

Galhaad allait se laisser tomber sur un fauteuil quelconque, mais fut brusquement retenu par un Carados paniqué qui tira de toutes ses forces sur son veston afin de l’empêcher de s’asseoir. « Quoi encore ? » grommela-t-il. Ses yeux quittèrent enfin son livre pour suivre le regard de son Familier. Tiens, il y avait déjà quelque chose sur le fauteuil … Un ou une Mentali endormi. D’ailleurs, ce n’était pas le seul truc atypique dans cette pièce aujourd’hui; il n’y avait pas cette odeur habituelle de profs exaspérés, d’employés épuisés et de café expiré.

Cela sentait plutôt… le thé ?

Ce ou cette Mentali – quelle importance ? – ne semblait nullement perturbé par le fessier qui avait failli l’écraser. En fait, la bête ne s’était pas réveillée du tout. Eh bien ! C’est beau de pouvoir dormir profondément comme ça ! Pas très pratique dans la nature lorsqu’on peut se faire attaquer n’importe quand, mais bon, c’était un chat domestiqué; il n’avait pas à se préoccuper de ça. D’ailleurs, qui laissait son Pokémon dormir sur une chaise ? Ce n’était pas très propre, il allait y avoir du poil mauve partout …

Justement, le propriétaire du Mentali annonça sa présence à Galhaad. Ou plutôt, ce dernier remarqua enfin la présence de l’autre humain dans la pièce. N’étant pas du genre à sursauter facilement, il se contenta de pivoter la tête en haussant un sourcil.

« Bonjour ? » l’avait salué l’inconnu. « Je vois que vous avez évité le pire grâce à votre Familier. Vous devez posséder un lien des forts, tous les deux. »
« Ah, oui. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui, » commenta tranquillement le blond en jetant un bref regard vers Carados.

Ce dernier bomba le torse, heureux que son maître réalise enfin tout ce qu’il avait fait afin qu’ils puissent se rendre jusqu’ici sans se blesser en chemin ! Mais malheureusement pour l’Ossatueur, ce n’était pas à ça que Galhaad faisait référence; il songeait plutôt au fait que sans Familier, il ne pourrait pas lancer de sorts puissants. Et oui, bon, d’accord, il appréciait sa compagnie aussi, cela allait de soi … Un mage et un Familier qui se détestent, ça ne va pas loin dans la vie.

Bref, l’autre homme se présenta : Lavande Passiflore. Ce nom… ne lui disait rien du tout. Pas étonnant puisque Cormac n’était pas du genre à se souvenir de tous les quidams qu’il rencontrait. En fait, il n’était pas du genre à se souvenir de ses anciens camarades de classe non plus … C’est ce qui arrivait lorsqu’on préférait être entouré de livres plutôt que de gens ! Galhaad se contenta de hocher la tête sans rien dire. Ce Lavande était aussi un nouveau professeur … On dirait que tous les vieux profs prenaient leur retraite en même temps. Puis, rajeunir le personnel n’était pas une mauvaise idée.

Encouragé par son collègue souriant, monsieur tête en l’air s’installa sur une chaise qui ne risquait pas de causer d’accident. Il se fit ensuite proposer du thé. Ah, son nez de ne l’avait donc pas trompé ! Rapide coup d’œil vers la place de Lavande où se trouvaient une tasse entamée ainsi que des notes et… une loupe ? Essayait-il de décoder un message quelconque ? Ou peut-être de brûler les feuilles grâce au verre et aux rayons du soleil ? Le blond avait déjà fait ça une fois lorsqu’il était gosse et ça avait mal tourné. Enfin, ce n’était certainement pas ce que le nouveau prof tentait de faire …

« Osss … »

Voilà Carados qui ramenait son maître à la réalité encore une fois. Cet homme était beaucoup trop curieux et vraiment pas assez poli !

« Oh, euh, je prendrais bien du thé, » répondit-il enfin. Il se rappela du mot magique deux secondes plus tard : « Merci ? »

Excellente première impression, monsieur Cormac, bravo. Si seulement on lui permettait d’être lui-même dans ce métier strict, il n’aurait pas à avoir l’air d’un imbécile qui cherche ses mots pour ne pas déplaire à son interlocuteur ou je ne sais quelle autre connerie encore. Était-ce de sa faute si les gens étaient si susceptibles et fragiles de nos jours ? Malgré ses lamentations intérieures, Galhaad redressa son dos et sourit à son collègue. Bon, allez, un peu d’effort ! Après tout, cette grande perche aux longs cheveux violets ne semblait pas si terrible à première vue. On ne pouvait pas en dire autant de certains employés de cette école de fous- euh, magique.

« Je ne me suis pas encore présenté : Galhaad Cormac, professeur de magie fondamentale depuis un an déjà. »

Le temps passait vite, malheureusement. L’aîné eut le réflexe d’ouvrir son livre afin de continuer sa lecture, mais le referma aussitôt. La discussion ne faisait que commencer, calme-toi.

« Hm, quelle matière allez-vous enseigner ? »

Bien que Galhaad reçut rapidement sa propre tasse de thé après sa réponse tardive, il remarqua du coin de l’œil l’air assez condescendant du Mentali. Mais pour qui elle se prenait, cette créature ?! Tout ça parce qu’il avait failli l’écraser ! Le blond profita que son collègue ait le dos tourné quelques secondes pour lancer un regard tout aussi hautain vers le Pokémon mauve. Comme deux gamins qui attendaient que le surveillant s’éloigne pour se faire des grimaces. Enfin, le professeur de magie était plus mature qu’un enfant quand même, alors il reprit vite un air naturel … Ou du moins, un air qui se voulait le plus naturel possible.

Dans tous les cas, ce monsieur Passiflore semblait avoir lui aussi remarqué le rajeunissement du personnel. Ce n’était pas plus mal; après tout, un écart générationnel trop grand pouvait nuire à l’apprentissage. Les vieux déconnectés de la réalité qui ne savent pas ce que les jeunes aiment de nos jours, tout ça … Quoique Galhaad ne savait pas non plus ce que les jeunes aimaient. À vrai dire, il possédait plus de connaissances sur le passé que sur le présent … Ça l’avait frappé pendant sa première année d’enseignement.

« J'enseigne la Psychologie et le Bien Être, » l’informa l’autre. « Enfin, j'enseignerai dès la rentrée. »
« Ah. Intéressant. »

Il sirota son thé vert. Cela ressemblait à ce que l’on sert normalement lors des cérémonies à Kanto et Johto, non ? À moins qu’il confondait avec une autre sorte de thé … Il n’était pas un expert en la matière. Non, il était plutôt expert en magie, en langues, et… C’était pas mal tout. Son interlocuteur, cependant, semblait expert dans l’art de la discussion. L’art d’être élégant. Aucun de ses gestes ni même de ses sourires semblaient forcés. Absolument tout criait chez lui : "Je viens de la noblesse !" À côté, Galhaad ressemblait à un Mimiqui qui tentait maladroitement d’imiter un Pikachu. Ce qui était un peu le cas.

Heureusement, le Pikachu de la comparaison s’intéressa à la lecture du Mimiqui, ce qui permit à ce dernier de répondre de façon plus naturelle cette fois. Lavande avait-il remarqué son malaise ? Hm, pas étonnant venant d’un psychologue. Cormac déposa sa tasse et leva plutôt son bouquin.

« Ça n’a aucun rapport avec le thé ou le café en tout cas. » Il tendit le livre en question à son collègue au cas où celui-ci souhaitait le feuilleter lui-même. Il eut ensuite le réflexe de se caler dans son fauteuil, mais une fois encore, il se redressa assez vite. Il n’était pas devant un feu de foyer ! « Hm, l’auteur essaye de trouver la meilleure combinaison de Mage et Familier. Est-ce mieux d’avoir comme compagnon un Pokémon qui nous ressemble ou un Pokémon qui est notre opposé ? » Le blond prit une nouvelle gorgée de thé. « Alors j’imagine que oui, il y a des notions de psychologie là-dedans. Après tout, le lien qui nous unit avec notre Familier est aussi magique que psychologique. Ce n’est pas pour rien que le taux de suicide est élevé chez ceux qui ont perdu leur âme sœur. »

Il disait cela d’un ton détaché, propre aux gens qui n’ont pas été touchés de près ou de loin par ce type de tragédie. Autre gorgée de thé. En attendant, Carados s’était posé à côté du "trône" occupé par la Mentali afin de s’excuser au nom de son humain un peu bête, s’inclinant plusieurs fois d’affilée comme un personnage d’anime embarrassé. L’Ossatueur était aussi heureux de pouvoir peut-être communiquer avec un Pokémon qui ne risquait pas de se faire maltraiter par son maître pour une fois – si on oublie l’accident évité de justesse. C’est vrai, quoi; à chaque fois que Galhaad ramenait un autre monstre de poche à la maison, Carados savait que c’était inutile de se lier d’amitié avec … Ils ne restaient jamais bien longtemps.

En parlant du bourreau, celui-ci eut un sourire en coin et invita Lavande à répondre à sa question d’un vague geste de la main : « Vous qui êtes très certainement calé en psychologie, qu’en pensez-vous ? Familier identique ou différent ? » Il espérait au moins que son collègue partage une piste de réflexion intéressante.

Puisque ce n’était pas une question aussi simple que l'on pouvait le croire, le nouveau professeur prit le temps d’y réfléchir en regardant son Familier. Son collègue lança aussi un regard en biais vers le démon mauve à quatre pattes, remarquant son œil ouvert qui le fixait encore. Bordel, mais quelle créature têtue ! Fronçant les sourcils, il tourna ensuite la tête vers son propre Familier silencieux. En ce qui les concerne, lui et Carados étaient presque en tout point… différents. Leur seul point commun était qu’ils n’avaient pas peur de se battre et de se salir les mains – ou les pattes.

Quand l’humain était brusque, le Pokémon était diplomate. Quand l’humain était sans-cœur, le Pokémon ressentait pour deux. Quand l’humain appréciait le silence, le Pokémon se sentait seul. Quand l’humain tremblait d’excitation, le Pokémon tremblait de peur. Heureusement (et étonnement peut-être), ça ne les empêchait pas de s’aimer comme deux frères. D’un certain côté, c’était parfait qu’ils soient si opposés : Carados pouvait ainsi combler les faiblesses de Galhaad et vice versa. Mais ce dernier ne pouvait s’empêcher de se demander si les choses auraient été plus simples s’ils avaient partagé la même vision du monde … Déjà, il n’aurait pas à subir les nombreux regards désapprobateurs de son Familier. Et puis …

Lavande Passiflore mit fin au silence et aux réflexions de son collègue par la même occasion. Eh bien, eh bien, eh bien … Selon lui, il fallait un point d’équilibre. Évidemment. Cormac ne put contenir un sourire amusé – voire un peu moqueur – qu’il tenta de cacher derrière sa tasse de thé. « J’aurais dû m’attendre à ce genre de réponse venant d’un psy. Je crois que l’auteur compte conclure son essai de la même manière. » Comment faire autrement ? C’était la réponse la plus logique et raisonnable. C’était aussi la réponse la plus insipide possible, comme si on voulait faire plaisir aux deux camps … Enfin, ce n’était pas comme s’il y avait une guerre violente entre les deux écoles de pensée ou quelque chose du genre.

Le blond en profita pour prendre une nouvelle gorgée, puis décida de caler son breuvage tant qu’à faire. Le thé n’était pas censé se boire de cette façon, mais sur le coup, il s’en fichait bien; il avait plutôt envie de partager son propre point de vue sur la question. Ignorant sa langue qui brûlait à cause du liquide plus chaud que prévu, il reprit la parole :

« Toutefois, je ne suis pas d’accord. Je crois plutôt que cela dépend de ce qu’on veut faire du lien que l’on partage avec notre Familier. » Il croisa les bras tandis que ses yeux, pour une raison quelconque, se déposèrent une fois encore sur le Mentali. « Comme tu… vous l’avez dit, un Familier différent peut voir plus facilement nos défauts et agir en conséquence. Je pense notamment aux mages timides et réservés qui possèdent un Familier hyperactif pour compenser … En tout cas, dans la vie de tous les jours, un Familier comme ça est plus utile. »

Son regard se tourna ensuite vers l’Ossatueur qui serrait, comme d’habitude, son os entre ses pattes. « Mais qu’en est-il de ceux qui sont le portrait craché de leur maître ? J’ose croire que les conflits sont inexistants. Et avec une symbiose aussi parfaite, la puissance magique du mage doit être beaucoup plus élevée que la moyenne … ‘fin, cela me semblerait logique. » Carados ignorait si c’était un hasard que son humain le fixait en disant cela ou si c’était un reproche camouflé, mais dans le doute, il baissa piteusement la tête. Galhaad aurait préféré qu’il le suive sans jamais se plaindre, c’est ça ? Dans tous les cas, son maître conclut en haussant les épaules, coudes pliés et paumes vers le plafond.

« C’est pourquoi quelque chose d’équilibré n’est pas forcément meilleur. Il faut savoir aller aux extrêmes parfois. »

Eh bah ! En l’espace de quelques minutes à peine, on était passé d’un prof incapable de placer deux mots sans perdre sa concentration à un type qui présente ses idées comme si elles étaient la vérité absolue. Son masque d’employé était tombé assez vite dis donc … Était-ce à cause du thé ? Était-ce Lavande qui dégageait une aura particulière ? Était-ce parce que Galhaad ne voulait pas avoir l’air d’un imbécile devant ce foutu Mentali ? Ou était-ce simplement le sujet de conversation qui était tout juste assez passionnant ? Qui sait.

Galhaad réalisa un peu trop tard qu’il s’était laissé aller. Oups … Il n’aurait pas dû quitter son rôle de professeur discret tout juste assez gentil et poli – et bizarre sur les bords. Après tout, s’il était là, ce n’était pas pour socialiser avec ses compatriotes ou se faire des amis … Et encore moins des ennemis ! Ses intentions n’étaient certes pas les plus pures, mais il tenait à son poste quand même. Ce serait beaucoup plus ardu de fouiller l’Académie et de se rapprocher d’Acacia s’il se faisait jeter dehors.

Les craintes de l’homme se transformèrent en stupéfaction lorsque Lavande réagit de façon positive à son monologue. Qu’est-ce que cela signifiait ? Qu’il pouvait être lui-même sans risquer sa réputation ? Haha, n’exagérons rien ! Cette interaction était encore trop courte et cordiale pour être sûr de quoi que ce soit. Aux dernières nouvelles, personne n’était capable d’endurer sa personnalité à part Carados et Emilie. Et encore là, le premier semblait souvent exaspéré et Galhaad n’avait pas vu la seconde depuis des années, alors …

Croisant de nouveau les bras, Cormac écouta les commentaires de son collègue. Il se contentait de hocher la tête jusqu’à ce que l’autre le complimente soudainement. Là, il bogua quelques secondes. Écrire des trucs philosophiques, lui ? Eh bien … Techniquement, il avait déjà écrit des livres par le passé – des traductions pour être plus précis – mais rien venant de lui-même. Ce pourrait être un exercice intéressant, cependant … Ce serait aussi une immense perte de temps. Le blond avait d’autres Miaouss à fouetter. Il y repensera une fois immortel et avec l’éternité devant lui.

« Ah, peut-être bien … »

En tout cas, cela paraissait sur son visage qu’il avait apprécié le compliment. Non mais, franchement, ce Lavande n’était pas si mal que ça : non seulement était-il l’un des employés les plus normaux que Galhaad avait croisé jusqu’à maintenant, il était aussi vif d’esprit et flattait son égo démesuré en passant. Que demander de plus ? Que son Familier Mentali ne soit pas aussi déplaisant ? Comme quoi, personne n’était parfait …

Parlant d’imperfection, le nouveau professeur demanda la collaboration de son aîné afin de "former la jeunesse pour qu'elle devienne meilleure que les générations précédentes" parce que c’était leur devoir ou une connerie du genre. Ah … Le grand violet était décidemment très à fond dans son futur travail. Ce qui était naturel tout compte fait; c’était plutôt notre apathique préféré qui était anormal. Mais il ne pouvait tout de même pas avouer n’en avoir rien à foutre des élèves ! D’accord, c’était bien que la nouvelle génération sache utiliser la magie; ce serait honteux pour leur espèce sinon. D’un autre côté, est-ce que Galhaad souhaitait réellement se faire surpasser par des gamins ? Ce serait contreproductif. Ugh … Il se retint de lever les yeux au plafond. Il n’avait vraiment pas choisi le meilleur métier pour atteindre ses objectifs …

Le plus important pour le moment était de ne pas gâcher la bonne impression qu’il avait fait à Lavande. Collaborer de temps en temps avec celui-ci n’était pas la fin du monde; c’était même bien pour sa réputation. Allez, c’est décidé ! L’homme de Galar se leva afin de serrer la main de l’homme de… Kalos ? Avec un nom pareil, c’était fort probable.

« Je peux voir que vous avez la tête sur les épaules, monsieur Passiflore, et ce serait un plaisir de travailler avec vous, » déclara-t-il avec un large sourire et une poignée de main ferme. Pour la première fois depuis le début de cette conversation, il plongea ses yeux caramel dans ceux océan de son interlocuteur.

Sous-entendait-il qu’il aurait refusé de collaborer s’il avait jugé Lavande trop stupide à son goût ? Tout à fait. Bref, maintenant qu’il était sur une bonne lancée, Galhaad craignait de tout gâcher avec un commentaire de trop … Ce qui arrivait souvent d’ailleurs. Peut-être serait-il plus prudent de mettre fin à la discussion ? Mais comment ? Il ne pouvait pas courir jusqu’à la porte et s’enfuir sans rien dire ! Enfin, si, il pouvait, mais quelque chose lui disait que son collègue n’apprécierait pas … Hm … Dans ce genre de situation, les gens cherchaient des excuses pour s’éclipser, non ? Son regard se tourna alors vers la sale bête mauve, puis sur les notes devant elle. Ah ha ! Cormac lâcha la main du Passiflore et se frotta la nuque, mine de rien.

« Du coup, hm, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Je crois que vous étiez occupé avant que j’arrive, si ?... »

Le revoilà qui reprenait des pincettes ! Sûrement était-ce mieux ainsi, car s’il n’en avait fait qu’à sa tête, il aurait suivi sa première idée et serait simplement parti sans demander son avis.