C'est pour un ami... [Feat. Ciel]

C’est pour un ami…

Mardi - 27 juillet 2021

Dès le matin, j’avais franchi les portes de l’académie Trismegis et cela malgré que l’été et les vacances venaient à peine de débuter. En tant que professeur, je ne pouvais pas me voiler la face. L’été c’était une période creuse, certes, mais aussi la période que mon corps de métier utilisait pour peaufiner ses plans de cours, sa pédagogie d’enseignement et qui en gros, faisait du travail supplémentaire. J’en avais bien conscience et cela, dès mon premier jour d’embauche. Rentrer chez moi après les cours en me disant que je n’avais plus rien à faire pour mes classes n’avait jamais été une réalité. Être enseignant, c’était être enchaîné à son travail même en dehors des classes et de son bureau. Je connaissais la musique. Je connaissais les pours et les contres. Tous les métiers ont leurs contraintes et celui d’enseignant n’était pas à part des autres. Le point positif était que durant les vacances d’été, les étudiants ne se trouvaient pas nécessairement à l’académie et donc, je pouvais travailler dans la tranquillité de mon bureau, seul. J’aimais cette tranquillité, cette sérénité.

Je regardai par la fenêtre de mon bureau et observai l’extérieur, stylo à la main alors que je prenais des notes sur mes prochains projets concernant le cours de botanique. Je ne voulais pas rendre mes cours ennuyeux à constamment refaire toujours les mêmes choses. Nous pouvions perdre si vite la concentration d’un élève et je préférais tout tenter pour que ce ne soit pas le cas. Tout au long de l’année scolaire, je prenais en compte les intérêts de mes élèves et leurs idées aussi. Je voulais que mes cours les intéressent, que la botanique devienne une passion pour eux. J’adorais enseigner et leur permettre d’acquérir de nouvelles connaissances sur un sujet donné comme les plantes par exemple. Être prof, c’était le pied pour moi, même si je savais que certains de mes collègues du corps enseignant pouvaient être d’un tout autre avis sur ce point de vue.

Je me remis au travail non sans m’être étiré complètement une dernière fois avant de ne plus lâcher mes plans et mes feuilles du regard. J’usai de ma plume sur le papier, y répandant de l’encre par des mots et des écritures, des abréviations, des commentaires, des symboles et des dessins même. Je voulais toujours un petit plus à offrir pour chaque année qui passait. Je n’enseignais que depuis trois ans, mais le cœur y était, sans aucun doute. J’esquissai un sourire en repensant à ma première année à Trismegis en tant que professeur de botanique. Cela n’avait pas été de tout repos, mais j’avais été fier de ce que j’avais accompli cette année-là. Les moments ardus forgeait les gens à devenir plus fort, surtout pour anticiper le pire. J’avais hâte de revoir mes élèves. J’eus une pensée pour eux qui devaient s’amuser chez eux, dans leur contrée natale. L’insouciance de la jeunesse me manquait aussi. Une autre époque et de lointains souvenirs.

Vers les alentours de dix-huit heures, j’arrêtai de travailler et je me reculai dans le fauteuil de mon bureau en soupirant lourdement. J’avais faim et soif et je commençais à me sentir assez fatigué aussi à cause de ma maladie. Depuis que j’étais malade, je dormais beaucoup plus, autant de jour comme de nuit, tout dépendant de l’épuisement. Les plantes sur mon corps absorbaient mon pouvoir magique et me rendaient parfois la vie bien plus compliquée et difficile. Cependant, j’en étais rendu à un stade où je ne pouvais plus être soigné de manière réversible. La maladie était irréversible. N’ayant pas vu de médecin depuis des lustres, en exagérant un peu sur le temps passé, j’avais été assez idiot pour laisser la maladie me dominer et prendre énormément d’emprise sur moi. Je savais que je devais consulter, voir quelqu’un pour cela, mais…je ne savais pas. Je ne voulais pas que l’on blesse ces plantes. Je ne voulais pas que l’on tente de me les arracher. Elles font parties de moi. Elles vivent grâce à moi.

Sur ses pensées, je décidai de quitter mon bureau, mettant sur mon épaule, mon sac à bandoulière tout en replaçant le col de mon pull large ainsi que mes manches longues et mes gants. Je me décidai à sortir dans le couloir suite à cette petite inspection de ma personne et quelques mètres plus loin, je tombai sur l’infirmier de l’école qui tout comme moi, semblait travailler même l’été. Je le saluai d’un signe de la tête et d’un léger sourire presque timide. Je me souvenais l’avoir déjà vu lorsque nous étions étudiants à l’académie. Il était plus jeune que moi d’une année si mes souvenirs étaient bons. Même maison, cependant. Je me mis à douter qu’un simple signe de tête soit assez courtois pour le saluer alors, je me permis d’ouvrir la bouche pour dire quelques mots, poliment.

- Bonsoir. Je vois que vous aussi vous êtes venu travailler même en plein été. Vous comptiez rentrer chez vous? Hm…Je rentre chez moi et…si cela vous dit et que nous allons dans la même direction, nous pourrions rentrer ensemble?...J’en fais peut-être un peu trop?

Je finis par me taire puisque mes quelques mots s’étaient transformés en quelques phrases, puis en demande de raccompagnement, puis en…embarras et en honte. Je détournai la tête en rosissant légèrement des joues et je me dis mentalement que d’arrêter de parler était ma meilleure idée du siècle. Chut. Tais-toi. Voilà. Je posai de nouveau mon regard verdoyant sur l’autre homme m’attendant à un refus catégorique de sa part. Nous n’étions pas amis après tout. Simplement des connaissances du temps que nous allions à l’académie et même encore. Je voulais être gentil et courtois comme je l’étais toujours. Un peu de social ne pouvait pas me tuer, si? Puis, cela me sauta au visage comme un Lipoutou en manque d’amour. Cet homme, Ciel Achillea était infirmier! Il pouvait peut-être me conseiller un médecin pour m’ausculter ou encore à la limite, me référer à une clinique ou un hôpital spécialisé en maladie magique?!

- Hm…Vous ne connaîtriez pas un médecin ou un hôpital spécialisé en maladie magique, par hasard? C’est…c’est pour un ami…

Oui oui, pour un AMI. J’étais parfaitement crédible! Du moins, je tentais de m’en convaincre non sans savoir que j’avais hésité et que j’avais carrément le regard fuyant. Il n’allait y voir que du feu! C’était certain!

C’est pour un ami…

Mardi - 27 juillet 2021

Je me sentais un peu bête. Comment avais-je pu oublier de me présenter convenablement à cet homme qui se trouvait devant moi et à qui j’avais proposé quelques secondes plus tôt de m’accompagner sur la route jusqu’à nos demeures respectives? J’avais honte. Je me sentais embarrassé et le rose me monta aux joues. Je ne me souvenais même plus la dernière fois où j’avais réellement fait confiance à quelqu’un. J’avais pris l’habitude de me retrouver seul, d’être seul et de m’en contenter. Je tentai un petit sourire désolé, puis entrouvris les lèvres pour prononcer quelques mots, non sans continuer de me sentir stupide d’avoir oublié cette courtoisie fondamentale. Arslan, ce que tu pouvais être tête en l’air parfois! Tout de même, le ridicule ne tuait pas, alors…J’avais la chance de pouvoir me rattraper.

- Eh…Je suis le professeur Bloom, Arslan Bloom. J’enseigne la botanique, ici, à l’académie. Excusez-moi, je ne pensais pas à mal. Vous avez un très joli prénom. Vraiment, il est très joli.

J’esquissai un sourire plus simpliste et léger, tentant de me détendre un peu. Je ne voulais pas paraître coincé ou crispé alors que c’était moi qui avais fait les premiers pas envers Ciel. J’avais l’impression de ne plus savoir comment m’y prendre avec les relations humaines, d’être maladroit, empoté. C’était peut-être uniquement avec les adultes aussi. Je me sentais moins con lorsque j’enseignais à mes élèves et je savais toujours quoi leur dire. Mais là…j’avais l’impression de m’enfoncer dans une bêtise profonde juste à tenter d’éviter de dire que J’AVAIS besoin d’un médecin. Je n’étais plus un adolescent. J’étais un homme, un adulte et je me devais de raisonner comme tel. Tout du moins, j’aurais du prendre mon courage à deux mains et ne pas me voiler la face. Pourtant, ce n’était pas du tout le résultat obtenu, une fois la bouche ouverte. Sérieusement, je me surprenais moi-même à me laisser contrôler par ma peur. Je m’en voulais profondément et cela me rendait mal à l’aise.

Pourtant, je clignai des yeux lorsque l’infirmier de l’académie m’indiqua pouvoir aider «mon ami» en disant qu’il avait des connaissances poussées dans ce domaine. Il pouvait vraiment m’aider? Euh, aider «mon ami»? Je secouai la tête pour chasser mes pensées d’ami imaginaire et me rendre crédible envers moi-même. Personne n’allait lire dans ma tête que c’était en fait pour moi que je cherchais un médecin. Ce n’était pas écrit sur mon front que je portais une maladie magique, que j’avais Naturis. Les plantes n’avaient pas poussées jusque là, donc…Cela ne se voyait pas. Mon regard se mit à briller légèrement d’intérêt et de soulagement et je lui fis un sourire beaucoup plus enthousiaste alors que nous marchions déjà vers la sortie de l’académie. Ciel pouvait vraiment m’aider? Il saurait comment arrêter la propagation et peut-être aussi pouvoir vérifier ma santé physique et magique? Je ne voulais pas trop lui en demander non plus… J’hésitais.

- Oh…vraiment? C’est impressionnant. Je…Je crois que mon ami pourrait avoir besoin de vos talents et de vos services…enfin, si vous avez le temps! Je ne veux pas vous imposer quoique ce soit! Je sais que c’est beaucoup vous demander, mais une simple consultation serait vraiment appréciée. Il n’est pas très enclin à faire confiance, mais si c’est vous…il fera très certainement une petite exception.

Encore une fois, je parlais totalement…de moi. Je me voilais le visage derrière une excuse bidon pour éviter de dévoiler à Ciel que c’était pour moi et que pour moi. Je ne voulais pas que l’on me juge. J’avais délibérément ignoré ma condition et l’avais laissé évolué. C’était de ma faute. J’avais fait en sorte qu’elle devienne irréversible. Pourtant, je me devais de la faire contrôler, d’arrêter la propagation pour ne pas me retrouver constamment épuisé, vidé de toute ma magie, de tous mes pouvoirs. Je me devais d’être apte à enseigner, pour mes élèves, pour moi aussi. Je regardai Ciel de mes yeux clairs et je sentis le rose monter de nouveau sur mes joues. Je détournai la tête et toussai dans mon poing en sentant l’embarras me prendre au ventre. Mon excuse était-elle assez convainquante ou avais-je simplement l’air du type qui mentait pour signifier qu’il parlait de lui-même, mais pas réellement de lui-même?

- Je vis à Port- aux- Vœux et mon ami aussi…C’est un peu comme…mon voisin?


Pourquoi n’arrivais-je tout simplement pas à dire : Je veux de l’aide et le médecin, c’est pour moi! Je me sentais complètement ridicule. Arlsan…tu me faisais pitié…réellement.

C’est pour un ami…

feat. Ciel

Mardi - 27 juillet 2021

Je marche tranquillement avec l’autre homme à la chevelure de neige et je me sens tout de même un petit peu inconfortable. Était-ce parce que j’avais senti dans son regard qu’il ne croyait pas un traître mot de mes propos? Peut-être bien…Cela pouvait être parce que mentir ne me rendait pas le moins du monde confortable, aussi. Je ne le savais pas trop, mais je le ressentais dans mon âme et mes tripes. Je tentai de faire disparaître le rose de mes joues en admirant les alentours. Si je posais les yeux sur lui, j’allais encore gagner des couleurs et je n’allais très certainement pas gagner en crédibilité. J’allais plutôt en perdre, oui… Je fus tout de même stupéfait qu’il accepte de rencontrer «mon ami» pour l’aider avec sa maladie, mais je déchantai vite en l’entendant me demander de quoi il souffrait. Je…Je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne pouvais définitivement pas lui mentir sur cela! Devais-je me résoudre à lui dire toute la vérité? J’avais peur qu’il me juge…

- Je…hm…

Un rire nerveux franchit la commissure de mes lèvres et je me passai une main gantée dans les cheveux. Oh lala…J’étais complètement hors de mon élément, complètement à la ramasse. Je me mis à ralentir le pas sans m’en rendre compte alors que je cherchais quoi dire. Pouvais-je lui faire confiance? J’imaginais bien que oui, mais…j’avais des craintes tout de même. Je soufflai en me sentant encore plus nerveux et me mordillai la lèvre en cherchant des mots qui ne venaient pas. C’est là que je me rendis compte que j’avais arrêté de marcher et que je me retrouvais là, paumé en plein milieu de la route. J’avais l’air con. Je finis par faire semblant de lacer mes bottes qui n’en avaient pas besoin, puis je me redressai pour lui faire un petit sourire timide et désolé.

- Mes…bottes…ahah…ah…

Je me maudissais de ne pas être à la hauteur, mais parler de soi, de ses problèmes, de son passé, de ses défauts, de tout, ce n’était pas facile. Et je n’étais même pas une personne orgueilleuse! Je finis par le rattraper avec une petite marche rapide, puis à sa hauteur, je finis par me racler la gorge. Nous marchions de nouveau au même rythme. Je lui jetai un coup d’œil et détournai les yeux assez vite ensuite, le rose de nouveau sur mes joues. Je n’avais rien de subtile. J’étais comme un livre grand ouvert qui disait «LISEZ-MOI». Je me mordillai de nouveau la lèvre et tentai de dire quelques mots.

- Je sais que…c’est apparent…accaparent…épuisant…et…eh…vert? C’est tout ce que je sais sur l’état de…de mon ami…

Ou plutôt, du mien, de mon propre état. Et encore, j’en savais beaucoup beaucoup plus que cela! Comme j’étais borné! J’avais envie de me gifler! Je me mis à regarder devant moi et à ne pas quitter la route des yeux. Nous allions arriver à Port-aux-Vœux dans quelques kilomètres, n’est-ce pas? Rendu là-bas, j’allais tout lui révéler! Oui, voilà! Pas besoin de stress ou de nervosité, hein? Non…il fallait que je reste calme…il fallait que je…ah et puis zut!

- C’estpourmoi…

Un murmure à peine audible dit à la va vite. Je n’étais même pas certain que l’infirmier avait entendu quoique ce soit. Et puis, s’il me demandait de répéter, j’allais dire autre chose, c’était évident! Nier en bloc…ou pas…Rah…j’avais mauvaise conscience! Je me sentais crispé et la boule au ventre. Même le sourire sur mes lèvres sonnait faux. J’avais été complètement dans l’erreur de croire qu’un subterfuge aussi peu crédible et surfait allait passer comme dans du beurre. L’autre homme était loin d’être stupide! Il était un ancien Créhelf comme moi, j’en étais persuadé! Mon intuition me le disait. Je pouvais me tromper, mais bon…à l’instant, il devait être le plus intelligent de nous deux. Le plus sage aussi. Ce que je pouvais être pitoyable…Je soupirai lourdement et regardai ailleurs. Regrets, remords, culpabilité face aux mensonges…J’étais quelqu’un de bien pardi! Pas un menteur, ni un usurpateur!  

- C’est…pour moi…la consultation…désolé…

C’est pour un ami…

feat. Ciel

Mardi - 27 juillet 2021

Je m’ose plus le regarder. Oh lala, je me sens si mal! J’ai tellement honte de moi, de mes mots, de mes mensonges, de mes étourderies pour tenter de cacher la vérité! J’ai le rose aux joues et je me mordille les lèvres comme pas possible. Rien ne pourrait me sortir de cet embarras! Je me suis mis dedans à pieds joints et je sais que c’est entièrement de ma faute. Je dois l’assumer comme j’aurais dû assumer que je voulais voir un médecin pour moi et non pour un ami fictif qui n’existait même pas. J’ai chaud, non, j’ai froid! Ah…! Je ne sais plus quoi dire ou faire! Marcher, oui, c’est une bonne idée de continuer de marcher et euh…regarder le sol? Non…les arbres? Oui! Je frissonne. L’infirmier avait tout découvert sans que je n’ai à l’avouer…enfin, il l’avait découvert bien avant que je l’avoue…que j’avoue que c’était pour moi. Il me regardait, je sentais son œil rubis sur moi et j’en avais des frémissements. En plus de cela, il me demande si j’en ai honte ou plutôt il croit que j’en ai honte et me demande confirmation. Pourtant, c’est faux! Je n’ai pas honte, pas de cela en tout cas! Je resserre mes bras sur mon propre corps en pensant à mes précieuses plantes. Elles ont besoin de moi…pas vrai? Je ne suis pas dans l’erreur…pas du tout…!

- Je…Non…Je n’ai pas honte d’elles. J’ai honte de vous avoir menti…mais pas de ma condition…Ce n’est pas la honte qui m’habite quand je pense à la maladie, mais la peur et la crainte d’affecter les gens autour de moi. Ces plantes n’ont rien fait de mal…

J’ai tourné mes yeux vers l’autre homme sans m’en rendre compte et je le regarde maintenant alors que mes mots prononcés d’une voix douce et légère se terminent en un murmure. J’ai un poids dans le ventre, dans l’estomac alors que je me rends compte que je lui parle de moi, un peu trop même. Mes pensées m’appartiennent tout comme mes choix. Je ne veux pas être jugé pour qui je suis et qui j’ai décidé d’être même si cela pourrait paraître bizarre. Je suis comme je suis. Je me savais mauvais menteur et j’avais quand même tenté de lui mentir pour cacher mes faiblesses, mes craintes et mes peurs. Lui, voyait de la honte, mais ce n’était que la honte de mes mensonges, rien de plus. Plus je laissais de gens venir près de moi, plus grand était le risque de les blesser, de les contaminer. Tout du moins, c’était ma pensée…irrationnelle, soit, mais elle était une litanie incessante dans ma tête. Je ne pouvais pas l’ignorer.

- Vous êtes la première personne à qui j’en parle depuis de nombreuses années alors…soyez clément avec moi…J’ai pour habitude de m’éloigner des gens plutôt que de m’en approcher. Si…Si vous voulez bien…me tenir compagnie le temps d’un examen…enfin…désolé pour mes mensonges…Monsieur l’infirmier Ciel…

Je baisse les yeux et je finis par jouer avec le bout de mes gants en soupirant. Je me rends compte que ma vie personnelle n’était qu’isolation, qu’évitement et que ma vie professionnel était emplie de prudence, de mise en garde et de retrait. J’étais bien dans cette vie. Pas besoin de plus pour me rendre heureux. J’avais mes plantes et Buck. J’étais confortable et confiant dans cette vie. Avais-je besoin de plus? Pouvais-je continuer des années durant ainsi? S’il le fallait pour ne pas imposer une maladie magique à quiconque d’autre que moi…pourquoi pas? Je pouvais vivre avec peu. M’écarter pour laisser aux autres une vie épanouie…c’était du domaine du possible pour moi. Je m’étais fait à cela. Alors…pourquoi en disant ces mots à voix haute je me sentais…vide? Cela devait être dû à la fatigue. Très certainement.

- Nous devrions bientôt arriver…Si nous gardons une bonne allure de marche.

Penser à autre chose pour cacher le mal. Penser à autre chose pour ne pas ressentir la fatigue et la perte de ma puissance magique. Marcher et marcher et encore marcher sans bifurquer, sans plus jamais ralentir ou s’arrêter. Je ne voulais plus repenser à quoique ce soit…Je voulais me vider la tête, me départir de ces impressions de vide dans mon être. L’infirmier…Je ne voulais pas le mêler à cela en plus de ma condition maladive. Il avait déjà beaucoup sur les épaules avec tout le corps enseignant et les élèves à rencontrer. Je ne voulais pas être un plus un. Un examen rapide, juste un et c’était tout. Rien de plus, rien de moins. Après, il n’aurait plus à me revoir et moi non plus. Arslan…être seul n’est pas une tare. C’est un choix de vie et tu l’as fait depuis longtemps, ce choix.