Il y a les blessures du corps et celles du cœur. ||Ft. Ciel [Terminé]

L’académie de Trismegis… Erin n’y serait officiellement élève qu’à partir de la rentrée de septembre, mais elle était curieuse de découvrir les lieux. Ayant vu que des élèves se baladaient toujours dans l’enceinte de l’établissement, la grise avait décidé de faire un petit tour de l’école. Cela ferait de mal à personne. Suivi de sa Ponyta et de Chloé, une de ses peluches, Erin quitta la chambre qu’on lui avait donnée pour aller explorer les environs.
 
La demoiselle commença par l’extérieur, le plus intéressant. Il y avait un joli parc fleuri, remplit de Pokémon plante et insecte. La Galarienne n’était pas spécialement fan de ces types. Elle préférait les types Fée, Psy et Dragon. Certains type Vol étaient aussi très élégants ! Quoi qu’il en soit, malgré la beauté du lieu, Erin passa son chemin, n’appréciant pas la compagnie des Pokémons qui vivaient ici. En s’éloignant, elle tomba sur une immense serre, mais n’osa point y entrer. De toute manière, elle n’avait pas la main verte…
 
En continuant, la demoiselle tomba sur un dojo. Il était élégamment construit, mais pour autant, il n’attirait pas Erin. La noble n’était pas spécialement charmée par les arts martiaux. Elle avait appris à se battre, obéissant aux ordres de sa mère, mais pour autant, ce n’était pas son grand amour. De ce fait, la petite finit par tourner les talons et continuer à déambuler sans but. Et elle finit par tomber sur le complexe sportif. Son cœur s’emballa tout de suite.
 
Il avait peut-être une salle de gym ou juste quelques barres ? D’un rapide coup d’œil, la demoiselle balaya les installations extérieures. Il n’y avait rien d’utile pour elle. Elle aurait sûrement plus de chance à l’intérieur. Discrètement, l’enfant se glissa dans le bâtiment. Il n’y avait personne, du moins en apparence. Erin en profita pour regarder les différentes salles. Elle finit par trouver son bonheur et glissa, le plus délicatement possible, sa tête dans la porte entrebâillée par Chloé. Personne. C’était parfait !

Avec un sourire enfantin, la miss entra dans la salle et se dirigea vers une poutre. Elle était légèrement plus haute que celle avec laquelle elle s’entraînait à ses douze ans. Pour autant, Erin n’avait pas peur. Après avoir enlevé ses chaussures, la grise se hissa jusqu’à la poutre, ignorant le hennissement inquiet de Leia.

▬ Ne t’inquiètes donc pas Leia, je m’en sors comme un chef ! Dit l’ancienne gymnaste en laissant pendre dans le vide son pied gauche.

Elle balança son pied d’avant en arrière avant de sauter, prenant appui sur son pied droit. Une vive douleur lui parcourut alors toute la jambe, l’aveuglant quelques instants. Cependant, ce furent des secondes de trop qui empêchèrent la demoiselle de se réceptionner correctement sur son pied droit. Elle manqua de quelques centimètres la poutre, atterrissant lourdement sur le tapis qui se trouvait en dessous après s’être cogné l’épaule gauche contre l’agrès.

Leia accourut tout de suite, reniflant la jambe puis l’épaule de sa maîtresse. Il n’y avait rien de casser, mais la ponette était inquiète pour l’épaule d’Erin. Ça avait fait un sacré bruit ! La noble, après avoir pesté contre sa jambe folle, se releva. Elle était énervée. Elle n’avait plus envie de continuer sa visite. Sa jambe savait vraiment comment gâcher ses journées ! Et alors qu’elle remettait ses chaussures en grommelant, la Ponyta tira légèrement sur son t-shirt.

▬ Oui ? Leia désigna son épaule. Je vais bien ! La Ponyta fit une tête qui voulait dire « Mais bien sûr ! » Tu vas pas me faire aller chercher l’infirmerie pour un si petit truc ! En voyant le regard déterminé de Leia, Erin soupira.

[…]
Infirmerie… Elle l’avait enfin trouvé. Pourquoi l’école était-elle aussi grande… Et franchement, tout ça pour un choc de rien de tout. La grise tourna la tête vers la Ponyta et croisa son regard déterminé. Erin avait compris le message, elle ne partirait pas d’ici avant d’avoir vu la personne en charge de cette pièce. Quelle poisse.

Chloé frappa à la porte, annonçant l’arrivée de sa maîtresse et ouvrit doucement la porte. Erin y entra, d’un pas peu rassuré, et demanda.

▬ Excusez-moi ?

Sa voix était toute douce et toute mielleuse. Le mode « on » de la Galarienne était activé. Elle détestait les médecins et les hôpitaux, il lui fallait changer de personnalité pour supporter. Et en plus, elle était à l’école, elle se devait donc de faire bonne impression.

Alors qu’elle s’avançait un peu plus dans la pièce, la demoiselle tomba sur un homme à la chevelure blanche. D’un coup d’œil rapide, elle le détailla et fut intérieurement surprise par sa tenue. Il n’avait pas l’air d’un professeur, ni même d’un infirmier… Enfin, cette école n’était pas classique alors elle ne devait pas s’étonner que les enseignants ne le soient pas également.

« Bien le bonjour ! Installe-toi, tu veux bien ? » Lui dit l’étrange personnage avec un sourire indescriptible sur le visage.

Erin n’avait clairement pas confiance en cet étrange individu, mais elle se contenta d’obéir, son sourire joyeux encré sur ses lèvres. Elle prit Chloé, la peluche ayant une forme d’ours, sur ses genoux et laissa Leia s’allonger à côté d’elle. La grise faisait confiance à sa Ponyta, si elle ne disait rien, cela voulait dire qu’il n’y avait rien à craindre. L’infirmier était juste… Étrange.

« Alors, dis-moi tout. Qu’est-ce qui ne vas pas ? Un petit bobo ? ♡ »

Il était vraiment énigmatique… Il mettait Erin mal à l’aise. Elle ne savait pas quoi penser de lui. D’habitude, il lui était assez facile de cerner la nature d’une personne, mais là, le blanc restait un mystère pour l’enfant. Et elle n’aimait pas ça. Elle n’aimait pas venir sur un terrain qui lui était inconnu. Mais la Galarienne savait qu’elle ne pouvait plus s’en aller maintenant. Il ne lui restait donc qu’à expédier la chose pour fuir à grande vitesse cet extravagant.

« Tu peux te servir, si tu veux. »

Les yeux émeraude de la miss se tournèrent vers le pot rempli de sucreries. Elle reste ainsi une bonne minute, à le fixer sans rien dire, puis Chloé se mit à voler pour aller chercher une sucette goût cerise. Elle enleva l’emballage et tendit la friandise à sa maîtresse qui l’accepta. La poupée se reposa ensuite entre les bras de la grise. Cette dernière, après quelques secondes, retira le bonbon de sa bouche et se mit à parler.

▬ Hum, bonjour. Je m’appelle Erin Mills. Dit la gamine.

Il était tout de même nécessaire qu’elle se présente. Même si elle voulait rester le moins longtemps dans cet endroit, elle ne devait pas oublier de rester poli. Erin devait rester dans son rôle et faire bonne impression, quoi qu’il en coûte. Et pour cela, elle devait faire attention à ses paroles et ses actions.

▬ Hm, j’ai voulu essayer les installations de la salle de gymnastique tout à l’heure et je me suis cogné l’épaule gauche contre une poutre en tombant… Elle fit une courte pause dans son récit, prenant un petit air désolé. Leia a eu peur que je me sois fais mal et a absolument voulu que je vienne, alors est-ce que ça serait possible de voir si tout va bien ? L’enfant, en prononçant le nom de la Ponyta, la désigna d’un signe de la main.

Mais le plus dérangeant dans l’histoire était que l’ancienne gymnaste ne trouvait pas que se cogner contre un agrès lors d’une chute valait le coup d’aller voir l’infirmier. C’était une blessure bénigne et sans importance pour elle. Aller à l’infirmerie était plus une punition qu’autre chose. Alors, il était évident qu’Erin n’allait pas parler de sa blessure à la jambe droite. Si l’étrange soignant apprenait qu’elle avait forcé sur sa jambe alors que cela lui était strictement interdit, elle allait se prendre un savon. Elle le sentait.

Même s’il souriait, Erin avait du mal à être à l’aise. Profitant de sa sucrerie, la demoiselle détourna légèrement le regard de l’infirmier. Elle ne savait pas pourquoi il cachait l’un de ses yeux derrière une si longue mèche, mais cela la perturbait. Elle n’avait pas l’habitude de croiser des personnes ne présentant qu’un seul œil. La grise se sentait mal de regarder l’homme dans les yeux, enfin dans l’œil.

« Bien, je vais regarder ça, alors. ♡ Ça ne doit pas être bien grave, enfin, c’est compréhensible que ton Pokémon s’inquiète un minimum. C’est son rôle, après tout. Tout comme le mien est de vérifier que tout va bien. » Lui répondit le blanc en se levant.

Certes mais Leia la connaissait depuis longtemps. Elle savait qu’il y avait peu de chance pour que son épaule soit blessée. Elle s’inquiétait surtout pour la jambe folle de sa maîtresse. Mais ça, Erin ne le dira pas à l’infirmier. Elle n’avait aucune envie qu’il ne lui pose des questions sur sa vieille blessure.

L’homme s’approcha d’elle et caressa quelques secondes la tête de Leia. Cette dernière, surprise par cette audace, plaqua ses oreilles en arrière. Toucher sa tête était uniquement réservé à sa maîtresse ! La Ponyta, quelque peu outrée par la bravoure culottée de l’homme, montra une mimique mécontente. Le blanc devait faire attention, il risquait de se faire croquer les doigts la prochaine fois…

« Suit-moi, tu veux bien ? »

Erin gratta la ponette entre les oreilles pour la détendre et se leva ensuite. Elle suivit ensuite l’adulte vers un des lits de l’infirmerie, traînant de la patte comme d’habitude. L’enfant était douée pour cacher son handicap mais face à une personne spécialisée pour remarquer les soucis, il y avait un risque. La Galarienne faisait donc de son mieux pour le cacher, même si elle devait se faire mal.

▬ Je suis sûre qu’il n’y a rien. Ce n’est pas la première fois que je tombe lors d’un entraînement. Leia est juste trop protectrice. Dit la petite noble en s’asseyant tout de même sur un lit.

L’intéressée souffla bruyamment des naseaux, montrant son déplaisir face à cette affirmation. Ce n’était pas de sa faute si elle devait jouer la maman Vaututrice à chaque fois… Si Erin était plus gentille envers elle-même et prudente, Leia n’aurait pas besoin de la surveiller.

« Je vais regarder ça. ♡ » Déclara l’infirmier après qu’elle lui ait dit qu’il ne devait rien avoir de grave.

Le blanc se baissa à sa hauteur et toucha doucement son épaule. Avec délicatesse, il manipula son épaule, cherchant la moindre anomalie. Erin était clairement pas enthousiasmée par ce contact mais elle n’avait pas le choix. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle était obligée de garder son grand sourire naïf. Enfin, tout allait bientôt se terminer et elle allait enfin pouvoir rentrer dans sa chambre.

« Effectivement, tu n’as rien ! »

Elle jeta un regard à Leia, l’air de dire ; « Tu vois ! ». Cependant, la ponette blanche se contenta de souffler, donnant l’impression de dire ; « Il ne faut jamais crier victoire trop vite ». Et alors que le regard de la Galarienne revenait sur l’infirmier, elle remarqua que ce dernier la fixait. Malgré le sourire de l’adulte, Erin savait que quelque chose n’allait pas. Leia l’avait-elle remarqué ? Certainement…

« Rien à l’épaule, en tout cas. Tu souffres de la jambe, n’est-ce pas ? Le mieux serait que je jette un coup d’œil à cette dernière. Une ancienne blessure sur laquelle tu as un peu forcé, non ? » Lui dit alors le blanc.

Tch, il avait dû remarquer lorsqu’elle avait marché jusqu’au lit. La jeune fille jeta un regard noir à sa Ponyta et celle-ci tourna la tête, faisant l’innocente. Ce n’était pas de sa faute si l’homme avait fini par remarqué le véritable problème.

« Rassures-toi, je ne vais pas te disputer. Juste vérifier que tout va bien, car c’est mon rôle.♡ »

Oh non ! Elle n’avait pas l’intention de le laisser manipuler sa jambe. La dernière fois qu’un médecin avait touché sa jambe pour « vérifier que tout allait bien », ça avait très mal fini. Son sourire fondit sur son visage, laissant place à une certaine animosité. Sa Ponyta, très liée à elle, se releva brusquement en sentant les émotions qui passait à travers Erin.

Cependant, cette dernière se reprit. Il ne fallait pas qu’elle perde la face devant un membre du personnel de l’école. Tout allait bien, sa jambe allait très bien ! Il n’avait pas besoin de l’examiner, elle devait le convaincre. Son sourire enfantin revint sur son visage et elle répondit à l’infirmier.

▬ Ne vous en faites pas Monsieur, ma jambe va très bien. Vous n’avez pas à vous embêter avec un examen inutile. Répondit la Galarienne de sa voix la plus douce possible.

Erin posa tout de même Chloé sur sa jambe, comme pour la « protéger ». L’infirmier était devant elle, l’empêchant de partir de la pièce le plus poliment, et rapidement, possible.

Elle pouvait être gentille ou méchante, calme ou énervée, l’infirmier gardait toujours son fichu sourire. Ce sourire agaçait l’enfant. Il n’était pas naturel pour elle. Elle était sûre que le blanc lui cachait quelque chose. Et puis, il planta son regard dans le sien, la couvrant d’un air affectueux. Erin n’appréciait pas ce regard. Même sa mère ne la regardait pas avec autant de tendresse, ça en était presque écœurant. La noble n’était pas habituée à autant de bienveillance et ne supportait pas cela. Ce n’était pas naturel selon elle.

« Écoute, Erin. Je vois bien que tu souffres. Et c’est mon rôle de vérifier que tout va bien. Peut-être que tu ne l’acceptes pas, et c’est sûrement très dur pour toi, mais je vois bien que ta jambe est blessée. Alors, laisse-moi regarder, alors ? Je ne te demande pas de me faire confiance, juste de me laisser soulager ta douleur. Que ce soit physique ou mental. Tu peux t’ouvrir à moi, car c’est mon rôle en cet école. » Assura l’homme du voix qui révulsait la jeune miss.

Elle n’avait pas besoin de tout ce miel franchement. L’infirmier avait de belles paroles, mais pour autant, cela n’allait pas faire changer d’avis la demoiselle. Pensait-il vraiment qu’elle allait s’ouvrir ainsi à lui parce qu’il lui demandait gentiment ? Il était un peu trop optimiste et naïf. Quant à sa jambe, Erin savait très bien ce qu’il allait se passer si elle lui montrait. Le membre inférieur de l’enfant était un massacre. Les os s’étaient mal ressoudés parce que l’adolescente avait fait des siennes, n’écoutant pas ce que le médecin lui avait dit. Ces derniers, d’ailleurs, avaient fait de leur mieux pour soigner la patte folle d’Erin, mais à cause de son entêtement légendaire, elle avait fini avec une jambe qui traînait.

À cela, il fallait ajouter des névromes. Les nerfs, comme les os, ne s’étaient pas régénérés de manière parfaite et à chaque changement de météo, la demoiselle éprouvait de terribles douleurs dans la jambe. Erin se montrait donc terriblement hargneuse les jours de pluie et de grand froid. Et finalement, il y avait toutes les cicatrices qu’elle s’était faites. Cachées pratiquement tout le temps sous ses collants ou ses longues chaussettes montant jusqu’aux genoux, elles étaient pourtant là. Et la noble ne voulait pas que l’infirmier découvre qu’elle s’était auto-mutilée. Leia était la seule à savoir et devait rester la seule.

« Pas besoin de cacher tes émotions devant moi. Je vois bien que tu es en colère et renfermer de tels sentiments ne donne jamais rien de bon. »

En colère ? S’il n'y avait que cela… Enfin, s'il ne voulait pas qu’elle cache ses émotions, elle n’allait pas le faire. Cependant, il risquait de vite regretter son choix. La Erin souriante était bien plus simple à gérer que la Erin têtue. La jeune femme fit disparaître son faux sourire d’ange, révélant un visage remplit de froideur et d’élégance. Une beauté glaciale, comme sa mère. Erin n’avait pas été élevée avec de l’amour et de la tendresse. Le charisme et l’honneur étaient ce qui l’avait nourri tout au long de son enfance. Elle vivait avec dignité et force. Une Némélios, même blessée, reste une Némélios.

▬ Monsieur, je vous appellerai ainsi puisqu’il ne vous semble pas important de donner votre nom, Elle n’avait regardé si c’était écrit quelque part si la porte ou à côté, mais peu importe, il semblait normal pour la noble que l’infirmier se présente, histoire de créer un semblant de lien. C’est après tout, toujours mieux de connaître le nom de son interlocuteur. je pense très sincèrement qu’il vous sera difficile de me soulager de ma douleur. Tout comme mon épaule, ma jambe ne risque pas d’être blessée par le petit choc qu’elle a subi. Il est donc assez facile de deviner que c’est une ancienne blessure qui me fait boiter. Et de ce fait, je suis sûre qu’il vous est aisé de saisir que vous n’êtes pas le premier à vous pencher sur cette jambe. Ajouta la grise d’un ton neutre bien que légèrement froid. Elle n’avait pas apprécié les paroles de l’infirmier. Je vous vois venir et me dire que vous voulez tout de même vérifier que ma jambe n’a rien eu. Cependant, elle n’est pas gonflée et n’est pas spécialement chaude. De plus j’ai pu venir jusqu’ici en marchant, elle n’est donc pas cassée. Je ne ressens aucune douleur lorsque je la sollicite, Elle tourna sa cheville pour prouver qu’elle n’avait aucun mal à le faire. il n’y a donc pas d’entorse. Et si par malheur, il y avait un bleu qui se formait à cause du choc, un peu de pommade suffira. Elle marqua un court silence. Je pense que cela est suffisant pour la vérification, non ? Conclut-elle.

Ça devait être étrange pour le blanc. La petite Erin toute gentille et toute douce avait disparu. Elle n’était plus timide, juste énervée. Elle prenait les devants, coupant toutes les tentatives de l’adulte. Elle ne voulait pas qu’il touche à sa jambe et restait sur sa position. Cependant, elle y était peut-être allée trop fort. La Galarienne ne regrettait aucune de ses paroles, mais elle devait quand même garder une image positive. Ça serait embêtant que l’infirmier la déteste et le raconte à des enseignants. Retenant un soupir, l’enfant ajouta.

▬ Ce n’est pas spécialement contre vous Monsieur, mais ma jambe, on ne peut plus rien pour elle alors évitez de dire que vous pouvez faire quelque chose pour elle, ça me met de mauvaise humeur.

Elle ne mentait pas. Parler de sa jambe la mettait en colère. Et les conséquences de la facture mal guérie ne pouvaient pas être réparées, comme presque toutes les fractures mal guéries… La seule chose sur laquelle l’homme pourrait aider, ça serait psychologiquement. Cependant, Erin n’était pas prête à parler de ça avec l’infirmier. Pas tout de suite en tout cas.

« Et bien voilà, tu peux être claire quand tu le veux vraiment. ♡ Tu es bien plus jolie quand tu es honnête. » Lui dit le sourire sur pattes quand elle eut terminé.

Elle fit une moue dubitative quant aux mots de l’infirmier. Tout d’abord, il était super bizarre à sourire tout le temps. Ce n’était pas naturel et Erin avait tous les poils de son corps qui se hérissaient à force de le voir sourire comme ça. Peut-être se faisait-elle des idées, mais l’enfant avait une légère impression de danger. Cela devait être dû au fait que le blanc souriait tout le temps et parlait d’une voix mielleuse peu naturelle.

Quoi qu’il en soit, elle doutait fortement des paroles de l’homme. Plus jolie, elle n’en était pas sûre. Mais bon, elle préférait ne rien dire et se débarrasser plus rapidement de lui.

« Je comprends ton problème, maintenant que tu m’en a fais part. Je ne forcerais donc pas plus. ♡ »

La demoiselle avait toujours un regard méfiant. L’infirmier pouvait dire ce qu’il voulait, elle resterait sur la défensive jusqu’à ce qu’il s’éloigne d’elle. Elle n’aimait pas le contact humain et actuellement, l’homme empiétait sur son espace vital. Il était donc normal qu’elle se montre suspicieuse et agressive. Ce fut donc normal que la grise plisse les yeux, soupçonneuse, quand le blanc mit une main juste au-dessus de sa jambe folle.

Même la Ponyta avait levé la tête, fixant l’homme. S’il faisait quoi que ce soit de mal envers sa maîtresse, elle n’hésiterait pas à attaquer. Leia était plutôt sanguine. Même si elle était presque sûre de perdre, elle irait quand même se battre.

« Voilà. C’est tout ce que je ferais. Cela ne va pas soigner ta jambe, mais probablement soulager temporairement tes symptômes. ♡ » Dit-il à la fin de son « soin ».

La noble en doutait, mais elle ne dit rien. Et puis même si cela la soulageait, ce n’était pas vraiment une bonne idée. Lui faire oublier la douleur pour quelques heures voir une petite journée était horrible. Il y avait des risques pour qu’elle devenait accro, comme certaines personnes qui doivent régulièrement prendre des substances bizarres au risque de devenir folles.

Pendant qu’elle pensait à tout cela, l’infirmier s’était levé et s’était éloigné d’elle. Il lui fit signe de la suivre et après une hésitation, elle se leva. Chloé, qui était sur sa jambe jusqu’alors, lévita pour aller se poser sur son épaule. L’enfant nota en boitant que sa jambe ne lui faisait presque plus mal. Elle aurait dû être heureuse, contente d’avoir enfin plus de douleur, mais elle ne l’était. Elle ne voulait pas déprendre de la magie de quelqu’un d’autre. Ce n’était pas bien.

Avec une mine assez renfrognée, la Galarienne alla s’asseoir devant l’infirmier. La peluche ours, qui tenait sa sucette depuis un petit moment maintenant, la lui tendit et Erin la prit. Elle attrapa ensuite Chloé et se mit à jouer avec ses pattes avant. La peluche ne disait rien.

« Tu veux me parler d’autre chose ? ♡ N’importe quoi, bien-sûr. Même si ça ne concerne pas ta jambe, je serais une oreille attentive. »

Du mécontentement, la grise passa à l’étonnement, mélangé à du scepticisme. Que voulait-il encore d’elle ? La jeune miss fixait l’infirmier comme un Flamiou sauvage fixe un humain qui tente de le capturer par la force. C’est à peine si elle avait voulu lui parler de sa jambe, pensait-il vraiment qu’elle allait lui parler d’autre chose ?

Après une ou deux minutes de silence, Erin retira sa sucette et dit au blanc.

▬ Je suppose que si vous posez la question, c’est que quelque chose vous intrigue. Vous devriez maintenant savoir que je ne suis pas vraiment du genre à parler de moi-même. Si vous voulez savoir quelque chose, posez la question, je vous répondrai du mieux que je peux.

N’avait-il rien appris de l’histoire de sa jambe ? L’enfant ne parlait pas de ses problèmes, quels qu’ils soient. Mais bon, s’il l’adulte posait une question, elle lui répondrait peut-être. Tout dépendait de la question…

« Je vois. ♡ Et bien … je ne compte en aucun cas te forcer à parler, Erin. Si tu as besoin d’une oreille attentive… tu saura néanmoins où me trouver. Si tu le désire, bien-sûr. Dans tous les cas, n’hésite pas à revenir en cas de blessure. Je ne poserais plus de question sur ta jambe, promis. ♡ » Lui dit l’infirmier après un léger soupir.

Il semblait honnête dans ses paroles. Malgré tout, l’enfant ne lui faisait toujours pas confiance. Elle n’avait pas l’intention de revenir ici dans toute sa scolarité. L’homme à la chevelure de neige était bien trop étrange pour qu’elle vienne. Franchement, comment les autres pouvaient supporter ce sourire sur pattes !

Rien ne semblait le déranger, c’était vraiment bizarre… Trop bizarre. Enfin, peu importe, le supplice était maintenant terminé. Elle allait enfin pouvoir rentrer chez elle. Elle avait perdu beaucoup trop de temps en ces lieux. Franchement, pourquoi Leia était si protectrice… À moins qu’elle avait exprès de l’amener à l’infirmerie pour que l’adulte découvre son problème.

Erin lança un regard suspicieux à la ponette, mais celle-ci détournait le regard. Après une ou deux secondes à la fixer, l’enfant se leva et salua l’homme. Elle réglerait le problème avec Leia en privé. Le plus important était de quitter la pièce avec que l’étrange soigneur change d’idée.

▬ Je vous remercie d’avoir rassuré Leia. Au revoir, Monsieur.

Elle avait délibérément rien dit quant au fait de revenir une prochaine fois. Plus jamais elle ne rentrerait de son plein gré ici. La noble, après ses salutations, se dirigea vers la porte. Une fois assez loin de l’infirmerie, elle jeta un regard à la Ponyta qui la suivait. Elles allaient devoir s’expliquer.